physique, si l’on a dans la tête et le cœur la stricte
méthode de la vérité, et d’un autre côté, qu’on est
devenu, par l’évolution de l’humanité, assez tendre,
excitable, passionné, pour avoir absolument besoin
de moyens de salut et de consolation du genre le
plus élevé ; d’où vient ainsi le danger que l’homme
s’ensanglante au contact de la vérité reconnue,
plus exactement : de l’erreur pénétrée. C’est ce
qu’exprime Byron en vers immortels :
Sorrow is knowledge : they who know the most
must mourn the deepest o’er the fatal truth,
the Tree of Knowledge is not that of Life[1].
Contre de tels soucis, aucun moyen n’est d’un secours meilleur que d’évoquer la magnifique frivolité d’Horace, au moins pour les pires erreurs et les éclipses du soleil de l’âme, et de se dire à soi-même avec lui :
Quid aeternis minorem
Consiliis animam fatigas ?
Cur non sub alta vel platano vel hac
Pinu jacentes[2] —
Mais assurément frivolité ou mélancolie de tout degré vaut mieux qu’un recul romantique et une retraite en bon ordre, un rapprochement avec le
- ↑ Connaissance est douleur : ceux qui savent le plus — doivent pleurer le plus profondément sur cette vérité fatale, — l’Arbre de la Science n’est pas celui de la Vie.
- ↑ Que tourmentes-tu de desseins éternels une âme trop petite ?
Pourquoi ne pas aller ou sous le haut platane, ou sous ce pin, s’étendre ?