vagues, liberté de la volonté et caprice ; mais tout
est nécessité, chaque mouvement peut se calculer
mathématiquement. Il en est de même pour les actions humaines ; on devrait pouvoir calculer d’avance
chaque action, si l’on était omniscient, et de même
chaque progrès de la connaissance, chaque erreur,
chaque méchanceté. L’homme agissant lui-même
est, il est vrai, dans l’illusion du libre arbitre ; si à
un instant la roue du monde s’arrêtait et qu’il y
eût là une intelligence calculatrice omnisciente pour
mettre à profit cette pause, elle pourrait continuer
à calculer l’avenir de chaque être jusqu’aux temps
les plus éloignés et marquer chaque trace où cette
roue passera désormais. L’illusion sur soi-même
de l’homme agissant, la conviction de son libre arbitre, appartient également à ce mécanisme, qui est
objet de calcul.
Irresponsabilité et innocence. — La complète irresponsabilité de l’homme à l’égard de ses actes et de son être est la goutte la plus amère que le chercheur doit avaler, lorsqu’il a été habitué à voir dans la responsabilité et le devoir les lettres de noblesse de l’humanité. Toutes ses appréciations, ses désignations, ses penchants sont par là devenus sans valeur et faux : son sentiment le plus profond, celui qu’il portait au martyr, au héros, a