l’homme meilleur ; la joie commune, le plaisir pris
ensemble sont accrus ; ils donnent à l’individu de
la sécurité, le rendent de meilleure humeur, dissolvent la méfiance, l’envie ; car on se sent mieux soi-même et l’on voit les autres se sentir mieux pareillement. Les manifestations de plaisir similaires éveillent l’image de la sympathie, le sentiment d’être des semblables : c’est ce que font
aussi les souffrances communes, les mêmes orages,
les mêmes dangers, les mêmes ennemis. C’est là-dessus sans doute que se fonde la plus ancienne
association : elle a le sens d’une délivrance et d’une
protection commune contre un déplaisir qui menace, au profit de chaque individu. Et de cette
façon l’instinct social naît du plaisir.
Ce qu’il y a d’innocence dans les actions dites méchantes. — Toutes les « méchantes » actions sont motivées par l’instinct de la conservation ou, plus exactement encore, par l’aspiration au plaisir et la fuite du déplaisir chez l’individu ; or, étant ainsi motivées, elles ne sont pas méchantes. « Faire du chagrin en soi » n’existe pas, en dehors du cerveau des philosophes, aussi peu que « faire du plaisir en soi » (la pitié au sens de Schopenhauer). Dans la condition sociale antérieure à l’État, nous tuons l’être, singe ou homme, qui veut prendre