se demander : pourquoi y aurait-il plus de gloire
pour un homme devenu vieux, qui pressent la déchéance de ses forces, à attendre son lent épuisement et sa dissolution, qu’à se fixer lui-même un
terme en pleine conscience ? Le suicide est dans ce
cas une action toute proche et toute naturelle, qui,
étant une victoire de la raison, devrait en équité
exciter le respect : et le fait est qu’elle l’excitait, aux
temps où les chefs de la philosophie grecque et les
patriotes romains les plus courageux avaient coutume de mourir par suicide. Au contraire, la soif
de se prolonger de jour en jour par la consultation
inquiète des médecins et le régime de vie le plus
pénible, sans la force de se rapprocher du terme
propre de la vie, est beaucoup moins respectable.
— Les religions sont riches en expédients contre
la nécessité du suicide : c’est un moyen de s’insinuer par la flatterie chez ceux qui sont épris de la vie.
Erreur du passif et de l’actif. — Lorsque le riche prend au pauvre un bien qui lui appartient (par exemple un prince qui enlève au plébéien sa maîtresse), il se produit une erreur chez le pauvre ; il pense que l’autre doit être bien abominable, pour lui prendre le peu qu’il possède. Mais l’autre est loin d’avoir un sentiment si profond d’un seul bien il ne peut donc pas se mettre comme il faut dans