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de musique nous convainc que ce sont les meilleurs livres qui garnissent les rayons et que les morceaux les plus célèbres se trouvent dans les casiers à musique. On va même jusqu’à nous jouer quelque chose. De la musique de Haydn, nous affirme-t-on, mais Haydn certes n’y était pour rien, car ce que nous entendîmes ressemblait à de la musique familière de Riehl. Sur ces entrefaites, le maître de la maison a eu l’occasion de se déclarer tout à fait d’accord avec Lessing, et aussi avec Gœthe, à l’exclusion toutefois de la seconde partie de Faust. Pour finir, le propriétaire de la villa nous débite sa propre apologie et ajoute que celui-là est irrémédiablemeut perdu qui ne se sent pas à l’aise chez lui, car c’est quelqu’un qui n’est pas « mûr pour son point de vue ». Et, enfin, il nous offre encore sa voiture, en faisant toutefois cette réserve aimable qu’à son avis elle ne répond pas à toutes les exigences. Le chemin qui conduit chez lui est, d’autre part, fraîchement empierré, et il nous prévient que nous serons horriblement cahotés. Puis ce dieu des jardins aux goûts épicuriens prend congé de nous avec cette habileté incomparable qu’il louait chez Voltaire.

Qui donc saurait encore douter maintenant de son habileté incomparable ! On a reconnu le libre maître de son sujet, démasqué l’horticulteur court-vêtu. Et toujours nous entendons la voix du classique qui dit : « En tant qu’écrivain je ne veux à