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consentons à accepter le logicien du même nom.

Quoi qu’il en soit, sacrifions le logicien ! Il se peut fort bien qu’au point de vue esthétique son livre possède une forme heureusement imaginée et qu’il corresponde aux lois de la beauté, bien qu’il soit dépourvu de plan et qu’il pèche par son manque de suite dans les idées. Et ici il nous faut soulever la question de savoir si Strauss est un bon écrivain, après avoir été forcé de reconnaître qu’il ne s’est pas comporté en savant capable de coordonner et de systématiser sévèrement.

Peut-être que, bien loin de vouloir chasser l’ « ancienne foi » il ne se proposait que de séduire en présentant un tableau, aimable et riche en couleurs, de ce que serait la vie avec la nouvelle conception du monde. Or, quand il songeait aux savants et aux gens cultivés, ses lecteurs les plus naturels, il aurait précisément dû savoir, par expérience, qu’il y a bien moyen de les mettre par terre au moyen de la lourde artillerie des preuves scientifiques, mais que jamais on ne peut les forcer à capituler. Il aurait dû savoir, de plus, que ces mêmes lecteurs succombent d’autant plus facilement aux artifices de la séduction, surtout quand ces artifices sont court-vêtus. Cependant, Strauss nous dit expressément que son livre est « court-vêtu », qu’il est « court-vêtu » avec intention, et ses louangeurs publics le décrivent et le considèrent également comme « court-vêtu ». Un