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nouvelle loi » ? Quel mérite tirerions-nous alors de la religiosité de ceux que Strauss appelle « nous » !

Autrement on pourrait presque craindre que les hommes modernes poursuivent leur route sans se préoccuper particulièrement de l’ingrédient religieux apporté par l’apôtre, de même qu’ils ont vécu jusqu’à présent indifférents à la proposition de la « sagesse du monde ». Toutes les recherches de la science moderne au sujet de la nature et de l’histoire n’ont rien de commun avec la croyance à l’univers telle qu’elle est propre à Strauss ; et la preuve que le philistin moderne n’a pas besoin de cette croyance se trouve précisément dans la description de sa vie, que Strauss présente dans le chapitre intitulé : « Comment ordonnons-nous notre vie ? » Il a donc le droit de douter que le « véhicule auquel ses honorables lecteurs ont dû se confier ait répondu à toutes les exigences ». Il n’y répond pas du tout, car l’homme moderne avance plus vite s’il ne se confie pas au véhicule de M. Strauss — ou, plus exactement, il avançait plus vite bien avant qu’existât le véhicule straussien. S’il était donc vrai que cette fameuse minorité « qu’il ne faut pas négliger », cette minorité dont parle Strauss et au nom de laquelle il s’exprime, s’il était vrai qu’elle tînt beaucoup « à ce que l’on fût conséquent », elle serait certainement tout aussi peu satisfaite des services du carrossier Strauss, que nous