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presque croire qu’il en est ainsi lorsque nous voyons que Strauss remplace, de ci de là, l’une par l’autre, la nouvelle foi et la plus nouvelle science ; par exemple à la page II où il se demande de quel côté, du côté de l’ancienne foi ou du coté de la nouvelle science, « il y a le plus de ces obscurités et de ces imperfections inévitables dans les choses humaines ». En outre, d’après le schéma de l’introduction, il veut indiquer les preuves sur lesquelles s’appuie la conception moderne du monde ; mais toutes ces preuves il les emprunte aux sciences et il se comporte tout à fait comme un savant, et nullement comme un croyant.

Au fond, la nouvelle religion n’est donc pas une nouvelle foi, mais elle se confond avec la nouvelle science, ce qui lui enlève les qualités d’une religion. Si par conséquent Strauss prétend qu’il a quand même de la religion, les raisons s’en trouvent en dehors de la science nouvelle. C’est seulement la plus petite partie de son livre, — quelques rares pages dispersées çà et là — qui concerne ce que Strauss pourrait à bon droit appeler une croyance, c’est-à-dire ce sentiment particulier à l’égard de l’univers pour lequel Strauss réclame une piété semblable à celle que l’homme pieux d’autrefois ressentait à l’égard de son Dieu. Ces pages n’ont rien de scientifique, si du moins elles pouvaient être un peu plus vigoureuses, plus naturelles, plus solides et, en général, plus croyantes ! Il est