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livre, on pourrait croire que le produit de Strauss correspond véritablement à l’idéal d’un livre. Les adversaires théologiques, bien qu’ils aient fait grand bruit, ne sont, dans ce cas, qu’une infime partie du grand public, et, même vis-à-vis d’eux, Strauss gardera raison, lorsqu’il écrira ceci : « A côté de mes lecteurs qui se chiffrent par milliers, ces quelques douzaines de contempteurs publics ne sont qu’une minorité à peine perceptible, et vous démontrerez difficilement qu’ils sont les fidèles interprètes des premiers. Si, dans un cas comme celui-là, ce sont surtout ceux qui n’étaient pas d’accord avec moi qui ont pris la parole, si mes partisans se sont contentés d’une approbation muette, cela tient à la nature des conditions que nous connaissons tous. » Donc, abstraction faite du dépit que la profession de foi théologique de Strauss a provoqué çà et là, au sujet de l’écrivain Strauss, même chez les adversaires les plus fanatiques dont les voix lui paraissent sortir de l’abîme comme des hurlements de bête, il y a unanimité parfaite. Et c’est pourquoi le traitement que Strauss a reçu de la part des stipendiés littéraires du parti théologique ne prouve rien contre notre affirmation que, dans ce livre, la culture des philistins a célébré des triomphes.

Il faut concéder que la moyenne des philistins cultivés possède moins de franchise que David Strauss, ou qu’elle évite du moins la manifestation