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croire que vous avez le ventre creux. Mais si, en hommes scientifiques, vous agissez avec la science, comme font les travailleurs avec les tâches que leur imposent les besoins de la vie, que deviendra une culture, condamnée à attendre l’heure de sa naissance et de sa délivrance, en face d’une méthode à un tel point agitée et essoufflée, d’une méthode qui se débat sans suite ? Personne n’a de temps de reste pour elle... et à quoi peut donc servir la science si elle n’a pas le temps pour la culture ? Répondez-nous, répondez-nous sur ce seul point : d’où vient, où va, à quoi bon toute science, si elle ne doit pas mener à la culture ? Mènerait-elle peut-être à la barbarie ? Nous serions tenté de le croire, et nous penserions que le monde savant est déjà effroyablement avancé dans cette direction, si nous pouvions imaginer que des livres aussi superficiels que celui de Strauss suffiraient à son actuel degré de culture. Car c’est précisément dans ce livre que nous trouvons ce répugnant besoin de récréation, et cet accommodement provisoire, où l’on n’écoute qu’à moitié, avec la philosophie et la culture et, en général, avec tout le sérieux de la vie. On se souvient de réunions d’hommes appartenant au monde savant, où, quand chacun a parlé de sa spécialité, la conversation ne dénote plus que la fatigue, le besoin de distraction à tout prix, l’éparpillement dans la mémoire et l’incohérence des conceptions. Si nous entendons parler