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8.

Nous voici suffisamment instruits au sujet du ciel et du courage de notre nouveau croyant, pour pouvoir aussi nous poser la dernière question : comment écrit-il ses livres ? et de quel ordre sont ses sources religieuses ?

Celui qui saura répondre à cette question, sévèrement et sans préjugés, apercevra un autre problème qui prête à réfléchir plus que tout autre, dans le fait que l’oracle manuel du philistin allemand a été demandé en six éditions successives, surtout s’il apprend encore qu’on a fait à cet oracle le plus brillant accueil dans le monde savant et même dans les universités allemandes. On prétend que certains étudiants l’ont salué comme une sorte de canon pour les esprits forts, et les professeurs de ne point contredire à cette opinion. Çà et là on a même voulu le considérer comme un livre de religion pour le savant. Il est vrai que Strauss lui-même donne à entendre que sa profession de foi peut fort bien être plus qu’un livre d’information à l’usage des savants et des hommes cultivés. Mais tenons-nous-en provisoirement au fait qu’il s’adresse de préférence aux savants, pour leur présenter l’image de la vie telle qu’ils la vivent eux-mêmes. Car c’est là précisément le tour de force du magister de se donner l’air de présenter l’idéal d’une nouvelle conception