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optimisme folâtre. Il s’agit précisément de démontrer par l’action qu’il est inutile de prendre un pessimiste au sérieux. Les sophismes les plus inconsistants suffisent à démontrer qu’en face d’une philosophie aussi « malsaine et peu profitable » que la philosophie de Schopenhauer il n’est pas permis de gaspiller des preuves, mais tout au plus des phrases et des plaisanteries. En lisant de semblables passages, on comprendra la déclaration solennelle de Schopenhauer qui affirmait que l’optimisme, quand il n’était pas le bavardage irréfléchi de ceux dont le front sans pensées n’abrite que des mots, lui apparaissait non seulement comme une opinion absurde, mais encore comme une opinion véritablement scélérate, comme une amère ironie, en face des souffrances indicibles de l’humanité. Quand le philistin fait de l’optimisme un système comme fait Strauss, il aboutit à une façon de penser véritablement scélérate, c’est-à-dire à une stupide théorie du bien-être pour le « moi » ou le « nous », et il provoque l’indignation.

Qui donc ne serait pas exaspéré en lisant, par exemple, l’explication suivante qui sort visiblement de cette scélérate théorie du bien-être : « Jamais, affirme Beethoven, il n’eût été capable de composer une musique comme celle de Figaro ou de Don Juan. La vie ne lui avait pas assez souri pour qu’il puisse la voir avec autant de sérénité, et prendre autant à la légère la faiblesse des