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ment philosophique. Pour le chef des philistins et ceux qu’il appelle « nous » il n’y a pas de philosophie kantienne. Il ne soupçonne rien de l’antinomie fondamentale de l’idéalisme et du sens très relatif de toute science et de toute raison. Ou plutôt, c’est précisément la raison qui devrait lui montrer combien peu on peut déduire de la raison à l’ « en soi » des choses. Il est pourtant vrai que, pour les gens d’un certain âge, il est impossible de comprendre Kant, surtout lorsque, comme Strauss, dans sa jeunesse, on a compris ou cru comprendre Hegel, « l’esprit gigantesque », et qu’à côté de cela on a même dû s’occuper de Schleiermacher, « lequel possédait presque trop de sagacité », comme dit Strauss. Strauss jugera singulier que je lui dise qu’il se trouve encore, vis-à-vis de Hegel et de Schleiermacher, dans une « dépendance absolue » et que l’on peut expliquer sa doctrine de l’univers, sa façon de comprendre les choses sub specie biennii, sa servilité devant les conditions de l’Allemagne et avant tout son optimisme éhonté de philistin, par certaines impressions de jeunesse, par des habitudes précoces et des phénomènes maladifs. Quand il arrive à quelqu’un d’être malade de la maladie hégélienne ou schleiermacherienne, il ne pourra jamais guérir complètement.

Il y a un passage dans le livre des confessions où cet optimisme incurable s’étale avec une béatitude qui vous a véritablement des airs de fête (pp.142, 143). «