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de cela, il devint fat. Il le devint peu à peu, et il se réjouit, de tout cœur, de ses rides et de ses particularités prudhommesques. Alors il se mit à parler de lui-même, à peu près dans la manière de la musique bourgeoise de Riehl.

Mais que vois-je ?

Est-ce une ombre ? Est-ce la réalité ?

Comme mon barbet se fait grand et large2!

Car maintenant il se roule déjà comme un rhinocéros sur la « grande route de l’avenir », et au lieu de grognements et d’aboiements nous percevons le ton altier du fondateur de religion. Serait-ce peut-être votre bon plaisir, monsieur le Magister, de fonder la religion de l’avenir ? « Les temps ne me semblent pas encore venus (p. 8). Je ne songe même pas à vouloir détruire une église. » — Mais pourquoi donc pas, monsieur le Magister ? L’important c’est de le pouvoir. Du reste, pour parler franchement, vous vous imaginez vous-même que vous le pouvez. Voyez plutôt la dernière page de votre livre. Là, vous croyez déjà pouvoir affirmer que votre nouvelle route est « la seule grande voie de l’avenir, cette voie qui n’est encore que partiellement terminée et qui a surtout besoin d’être utilisée d’une façon plus générale pour devenir commode et agréable. » Ne continuez donc pas à nier.