Page:Nietzsche - Considérations inactuelles, I.djvu/32

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

seraient, de fâcheuse façon, les limites qu’ils se sont tracées. C’est justement ce que fait Strauss lorsqu’il parle de sa foi. Personne n’éprouve le besoin de savoir quelque chose à ce sujet, si ce n’est peut-être quelques adversaires bornés des idées straussiennes qui derrière celles-ci flairent des préceptes vraiment sataniques et qui doivent souhaiter de voir Strauss compromettre ses affirmations savantes par la manifestation d’arrière-pensées à un tel point diaboliques. Peut-être ces individus grossiers ont-ils même trouvé leur compte dans le dernier livre. Nous autres, qui n’avions aucune raison de flairer ces arrière-pensées diaboliques, nous n’avons rien trouvé de ce genre, et, lors même qu’il y aurait quelque peu de satanisme en surplus, nous n’en serions point mécontents. Car, certainement, aucun esprit malfaisant ne parle de sa nouvelle foi comme en parle Strauss, et encore moins un véritable génie. Ce sont seulement ces hommes que Strauss nous présente en les appelant « nous » qui peuvent parler ainsi, ces hommes qui, lorsqu’ils nous exposent leur croyance, nous ennuient encore plus que quand ils nous racontent leurs rêves, qu’ils soient « savants ou artistes, fonctionnaires ou soldats, artisans ou propriétaires, de ceux qui vivent dans le pays par milliers, et non des moindres ». Si loin de vivre à l’écart et dans le silence, à la ville et à la campagne, ils voulaient se manifester par leurs confessions, le bruit de leur unisono ne par-