rité éternelle de cet ordre est le fondement de la nouvelle éducation et par là du nouvel État. — De même, l’Allemand moderne croit en la vérité éternelle de son éducation et de sa façon de culture. Et pourtant cette croyance tombe en ruine, comme l’État platonicien serait tombé en ruine, quand on oppose au pieux mensonge une pieuse vérité, à savoir que l’Allemand n’a pas de culture parce que, en vertu de son éducation, il ne peut pas en avoir. Il veut la fleur sans la racine ni la tige ; c’est donc en vain qu’il la veut. C’est là la vérité pure, une vérité désagréable et brutale, une vraie vérité pieuse.
Mais, dans cette vérité pieuse, notre première génération doit être élevée. Elle lui fera certainement endurer de grandes souffrances, car, par cette vérité, cette génération doit s’élever elle-même, s’élever elle-même contre elle-même, vers une nouvelle habitude et une nouvelle nature, en sortant d’une première nature et d’une vieille habitude. En sorte qu’elle pourrait se répéter le proverbe espagnol : Defienda me Dios de mi : que Dieu me garde de moi-même, c’est-à-dire de ma nature inculquée. Il faut qu’elle absorbe cette vérité, goutte à goutte, comme une médecine amère et violente. Et chaque individu de cette génération devra se surmonter pour porter sur lui-même un jugement qu’il supporterait plus aisément, s’il touchait d’une façon générale une époque toute entière : nous sommes