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ble cherchèrent à s’accommoder, une fois pour toutes, de ces classiques scabreux et de leurs invites à poursuivre les investigations. Ils imaginèrent l’idée que nous vivons à une époque d’épigone uniquement pour ne pas être troublés dans leur tranquillité et pour être prêts à repousser tous les novateurs gênants, en faisant passer leurs œuvres pour des produits d’ « épigones ». Dans le but de conserver leur tranquillité, ces partisans d’une vie confortable s’emparèrent de l’histoire et cherchèrent à transformer toutes les sciences qui auraient encore pu troubler leur repos en simples branches de l’histoire. Ils agirent ainsi surtout avec la philosophie et la philologie classique. Par la conscience historique, ils se sauvèrent de l’enthousiasme, car ce n’était plus, comme l’avait encore pensé Goethe, l’histoire qui provoquait l’enthousiasme. Non, le but de ces admirateurs anti-philosophiques du nil admirari, lorsqu’ils cherchent à comprendre toute chose au point de vue historique, c’est d’arriver à émousser les facultés. Tandis que l’on prétendait haïr le fanatisme et l’intolérance sous toutes leurs formes, on haïssait, au fond, le génie dominant et la tyrannie des véritables revendications de la culture. C’est pourquoi l’on employait toutes ses forces à paralyser, à entraver et à décomposer partout où l’on pouvait s’attendre à un mouvement jeune et puissant. Cette philosophie qui s’ingéniait à envelopper de phrases