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rieure et travaille à la destruction de cette culture chaotique moderne, en faveur d’une véritable culture. Qu’il ose réfléchir à la façon de rétablir la santé d’un peuple entamée par les études historiques, à la façon de retrouver son instinct, et par là son honnêteté.

Je veux parler sans façon de nous autres Allemands d’aujourd’hui, qui souffrons plus que tout autre peuple de cette faiblesse de la personnalité, de cette contradiction entre le contenu et la forme. La forme nous apparaît communément comme une convention, comme un travestissement et une dissimulation, et c’est pourquoi, si on ne la hait point, elle n’est en tous les cas pas aimée. Il serait plus exact encore de dire que nous avons une crainte extraordinaire du mot convention et aussi de cette chose qui s’appelle la convention. C’est cette crainte qui a poussé l’Allemand à quitter l’école des Français, car il voulait devenir plus naturel et, par là, plus allemand. Or, avec ce « par là », il semble bien avoir fait un mauvais calcul. Échappé de l’école de la convention il se laissa dès lors aller où bon lui semblait, selon que l’envie le poussait, et, au fond, il n’en continuait pas moins d’imiter, avec négligence et au hasard, dans un demi oubli, ce que jadis il avait imité scrupuleusement et souvent avec bonheur.

C’est ainsi que, par rapport aux temps d’autrefois, on vit aujourd’hui encore selon une convention