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une véritable culture, mais seulement une sorte de connaissance de la culture ; elle s’en tient à l’idée de la culture, au sentiment de la culture, sans qu’il y ait la conviction de la culture. Par contre, ce qui apparaît véritablement comme motif, ce qui, sous forme d’action, se manifeste visiblement au-dehors, ne signifie souvent pas beaucoup plus qu’une convention quelconque, une piteuse imitation, une vulgaire grimace. L’être intime éprouve peut-être alors cette sensation du serpent qui a dévoré des lapins entiers et qui, s’étalant au soleil avec tranquillité, évite tous les mouvements qui ne sont pas d’une nécessité absolue. Le processus intérieur devient dès lors la chose elle-même, la « culture » proprement dite. Tous ceux qui passent à côté ne souhaitent qu’une seule chose, c’est qu’une pareille culture ne périsse pas d’une indigestion. Qu’on imagine par exemple un Grec apercevant cette façon de culture, il se rendrait compte que pour les hommes modernes « cultivé » et « culture historique » semblent ne faire qu’un et qu’il n’y aurait entre eux que la différence créée par le nombre de mots. S’il s’avisait alors d’exprimer sa pensée, à savoir que quelqu’un peut être cultivé et manquer totalement de culture historique, on croirait avoir mal entendu et l’on secouerait la tête.

Ce petit peuple connu qui appartenait à un passé point trop éloigné de nous — je veux parler des Grecs — a su se conserver âprement, dans sa