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curiosités de tous les temps et de toutes les régions, et engendre ainsi ce modernisme bariolé qui semble venir d’un champ de foire et qu’à leur tour, ses savants définissent et analysent, pour y voir « ce qu’il y a de moderne en soi » ; et il demeure lui au milieu de ce chaos de tous les styles. Mais avec ce genre de « culture », qui n’est, en somme, qu’une flegmatique insensibilité à l’égard de la culture, on ne peut pas vaincre un ennemi, et en tous les cas pas un ennemi comme les Français qui possèdent, eux, une culture véritable et productive, quelle que soit la valeur que l’on prête à celle-ci. Jusqu’à présent nous avons imité les Français en toutes choses, généralement avec beaucoup de maladresse.

Si nous avions vraiment cessé d’imiter les Français, nous ne pourrions pas prétendre, à cause de cela, que nous les avons vaincus ; mais seulement que nous nous sommes délivrés de leur joug. C’est seulement au cas où nous leur aurions imposé une culture originale allemande qu’il pourrait être question du triomphe de cette culture allemande. Pour le moment, il nous suffit de constater que, pour tout ce qui en est la forme, avant comme après la guerre, nous dépendons encore — et il faut que nous dépendions — de Paris. Car, jusqu’à présent, il n’existe pas de culture allemande originale.

Tous, nous devrions savoir cela à notre sujet. De plus quelqu’un l’a révélé publiquement. Il appartient