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visibles ont quelque chose d’artificiel et de merveilleux, quelque chose qui ressemble à cette hanche dorée que les disciples de Pythagore croyaient reconnaître chez leur maître. L’histoire monumentale trompe par les analogies. Par de séduisantes assimilations, elle pousse l’homme courageux à des entreprises téméraires, l’enthousiaste au fanatisme. Et si l’on imagine cette façon d’histoire entre les mains de génies égoïstes, de fanatiques malfaisants, des empires seront détruits, des princes assassinés, des guerres et des révolutions fomentées et le nombre de ces effets historiques « en soi », c’est-à-dire d’effets sans causes suffisantes, sera encore augmenté. Il suffit de ces indications pour faire souvenir des dommages que peut causer l’histoire monumentale parmi les hommes puissants et actifs, qu’ils soient bons ou mauvais. Combien plus néfastes sont encore ses effets quand les impuissants et les inactifs s’emparent d’elle et s’en servent.

Prenons l’exemple le plus simple et le plus fréquent. Qu’on imagine les natures anti-artistiques ou douées d’un faible tempérament artistique, armées et équipées d’idées empruntées à l’histoire monumentale de l’art. Contre qui ces natures dirigeront-elles leurs armes ? Contre leurs ennemis héréditaires : les tempéraments artistiques fortement doués, par conséquent contre ceux qui sont seuls capables d’apprendre quelque chose dans les é