Page:Nietzsche - Considérations inactuelles, I.djvu/104

Cette page n’a pas encore été corrigée

on ne comprendra plus très bien les classiques allemands, car on ne connaîtra plus d’autre langage que le misérable jargon de la noble « actualité » — dont le caractère fondamental est l’impuissance. » Et, de fait, des critiques et des grammairiens allemands élèvent déjà la voix : dans les plus récents périodiques, pour proférer que nos classiques ne peuvent plus servir de modèles pour notre style, car ils emploient une grande quantité de mots, de tournures et d’enchaînements syntactiques dont nous avons perdu l’usage : c’est pourquoi il serait convenable de recueillir et de présenter en exemple les tours de force dans l’agencement des mots et des phrases chez les célébrités littéraires actuelles, ainsi qu’il a été fait par exemple dans le petit dictionnaire manuel de Sanders. Là Gutzkow, ce monstre répugnant au point de vue du style, apparaît comme un classique. Et, d’une façon générale, il paraît que nous allons devoir nous habituer à des classiques, foule surprenante et toute nouvelle, parmi lesquels David Strauss sera le premier ou du moins l’un des premiers, ce même Strauss que nous ne pouvions désigner autrement que nous avons fait ; c’est-à-dire comme un styliste détestable.

Or, la façon dont le philistin cultivé conçoit le classique et l’écrivain modèle est très significative pour sa pseudo-culture. Car le philistin cultivé ne montre sa force qu’en s’opposant à un style de