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rond Le voyageur est ému de ce spectacle : tout est si sauvage, si fermé, si incolore, si désespéré et c’est là dedans que retentit un air joyeux, d’une joie bruyante et irréfléchie l Mais déjà les brumes du soir prématuré jettent leur ombre ; les sous se perdent, les pas du voyageur crissent sur la route ; si loin qu’il peut voir, il n’aperçoit rien que la face déserte et cruelle de la nature. ’.

Pourtant, si l’on risque d’êta-e accusé de partialité j quand on ne relève que la faiblesse du dessin et le manque de coloris dans l’image de la vie moderne, le second aspect n’a cependant rien de plus réjouissant et xfapnaraît que sous une forme d’autant plus inquiétante. Il existe certaines forces, des forces formidables, mais. sauvages et primesautières, des forces tout à fait impitoyables, On les observe avec une attente inquiète, d u ’ même œil qu’011 eut à regarder la chaudière d’une cui- p ··~lsine infernale : à tout moment des bouillonnements et’o, ., . des explosions peuvent se produire, annonçant de terribles cataclysmes. Depuis un siècle nous sommes pré ? parés à des commotions fondamentales. Si, dans cos · · derniers temps, on tente d’opposer, à ce penchant pro-/ fondement moderne de renverser ou de faire Sauter le force constitutive de ce que l’on appelle l’État national, celui— ci n’en constitue pas moins, et pour longtempsnine augmentation du péril universel et de la menace qui pèse sur nos têtes. Nous ne nous laissons pas induire en erreur par le fait que les individus se comportent comme s’ils ne savaient rien de toutes ces préoccuperions. Leur inquiétude montre combien ils sont bien in- ’ formés ; ils =pensent à euizgmêmes avec une hâte et un