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consiste à affirmer que l’État est le but suprême de l’humanité et que, pour l’homme, il n’est pas de but supérieur à celui de servir l’État ; ce en quoi je ne recon- A nais pas un retour au paganisme, mais à la sottise. Il se peut qu’un pareil homme, qui voit dans le service de ’ l’État son devoir suprême, ne sache véritablement pas quels sont les· devoirs suprêmes. Cela n’empêche pas qu’il y ait encore de l’autre côté des hommes et des de- ’ voirs, et l’un de ces devoirs qui, pour moi du moins, apparaît comme supérieur au service de l’État, incite àl détruire la sottise sous toutes ses formes, même sous la forme »qu’elle prend ici. C’est pourquoi je m’occ-upe à. l’heure présente d’une espèce d’homme dont la téléologie conduit un peu plus haut que le bien d’un État, avec · les philosophes et avec ceux-là seulement par rapport à un domaine assez indépendant du bien de l’État, celui de la culture. Parmi les nombreux anneaux qui, passés les uns à travers les autres, forment l’humaine chose publique, les uns sont en or, les autres en tombac. · l.

Or, comment le philosophe regarde-t-i.l la culture de notre temps É ? A vrai dire, sous un tout autre aspect que ces professeurs de philosophie qui se réjouissent de leur ’ état. Illui semble presque apercevoir une destruction et un arrachement complet de la culture, quand il songe · à là hâte générale, à léaccélératîon de ce mouvement dB. · chute, à l’impossibilité de toute vie contemplative et de toute simplicité. Les eaux de la religion s’écoulent et laissent derrière elles des marécages ou des étangs ; les nations se séparent de nouveau, se combattent ies unes les autres et demandent à-s’entre-déchirer. Les sciences, pratiquées sans aucune mesure et dans le plus aveugle pi. s.t v