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7.

La peinture en lieu et place de la logique, l’observation de détail, le canevas, la prédominance du premier plan et de mille détails — tout cela répond aux besoins des hommes nerveux, chez Wagner comme chez les Goncourt. Richard Wagner appartient au mouvement français : des héros et des monstres, des passions poussées à l’extrême et, avec cela, rien que des détails, un frisson momentané.

8.

Voici les deux formules qui me font comprendre le phénomène Wagner.

L’une d’elles est la suivante :

Les principes et les pratiques de Wagner, dans leur ensemble, se réduisent à des calamités physiologiques dont ils sont l’expression ( « l’hystérisme » sous forme de musique).

L’autre se présente ainsi :

L’effet nocif de l’art wagnérien est la preuve de sa corruption. Ce qui est parfait guérit, ce qui est morbide rend malade. Les calamités physiologiques que Wagner provoque chez ses auditeurs (respiration irrégulière, troubles de la circulation, irritabilité extrême avec brusque coma) sont la réfutation de son art.

Avec ces deux formules je ne fais que tirer la conséquence de ce principe général qui m’apparaît comme le fondement de toute esthétique : à savoir que les valeurs esthétiques reposent sur des valeurs biologiques, que les sensations de bien-être esthétique sont des sensations de bien-être biologique.

9.

Wagner, sous la contrainte d’une incroyable sexualité maladive, ne savait que trop bien ce que perd un artiste en perdant la liberté et l’estime de soi-même. Il est condamné à être comé-