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36.

Il est heureux que Wagner ne soit pas né dans une classe plus élevée de l’échelle sociale, qu’il ne soit pas né noble et que son activité ne se soit pas exercée dans une sphère politique.

Il ne s’est pas abstenu de réfléchir à des possibilités politiques ; pour son malheur il ne l’a pas fait en présence du roi de Bavière, lequel, tout d’abord, ne lui a pas représenté son œuvre ; en second lieu, l’a à moitié sacrifié par des représentations provisoires et, enfin, qui lui a fait une réputation très impopulaire, parce que c’est à l’influence de Wagner que l’on attribuait les excentricités de ce prince.

Il s’est tout aussi malheureusement compromis avec la révolution ; il perdit les protecteurs fortunés, éveilla la crainte et apparut finalement aux partis socialistes comme renégat ; tout cela sans aucun avantage pour son art et sans aucune nécessité supérieure. C’est enfin un indice de sa maladresse, car il ne sut nullement deviner la situation de 1848.

En dernier lieu, il offensa les Juifs ; qui ont maintenant le plus d’argent en Allemagne et qui détiennent la presse. Lorsqu’il le fit, ce ne fut pas parce qu’une vocation l’y pressait, plus tard ce fut de la vengeance.

S’il a eu raison avec la confiance extrême qu’il place en Bismarck, un avenir qui n’est pas très éloigné nous l’apprendra.

37.

La jeunesse de Wagner est celle d’un dilettante avec des talents multiples qui n’arrive à rien.

38.

Il se sauva de son emploi parce qu’il ne voulait plus servir.

39.

J’ai souvent absurdement douté du don musical chez Wagner.