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au flot de la révolution, qui semble partout inévitable, afin que la bienheureuse anticipation et la garantie d’un avenir meilleur, d’une humanité plus libre, ne soient pas entraînées avec la masse de ce qui est destiné à périr et qui mérite de périr ’ ?

Celui qui se pose cette question et qui est agité par ce souci a pris part aux inquiétudes de Wagner ; il se sentira poussé comme Wagner à rechercher, parmi les puis sauces établies, celles qui sont animées de la bonne volonté d’être, aux époques de bouleversements et de révolutions, les génies protecteurs des plus nobles possessions de l’humanité. C’est uniquement dans ce sens que Wagner, par ses écrits, s’adressa aux hommes cultivés i, ·° pour leur demander de mettre en sûreté, parmi les trésors qu’ils entendent garder, le précieux Anneau de son art. La grande confiance dont Wagner a fait preuve jusque dans ses desseins politiques vis-à-vis de l’esprit allemand semble même provenir à mes yeux de ceci qu’il croit le peuple de la Réforme capable de la force, de la douceur, de la bravoure qui sont nécessaires pour « endiguer la mer de la révolution dans le lit du fleuve paisible de l’humanité ». Je serais même tenté de croire que c’est cela et non point autre chose qu’il a voulu exprimer par le symbolisme de sa Marche Impériaie.,

Cependant, l’aspiration généreuse de l’artiste créateur est généralement trop ardente, l’hox-izon de sa philanthropie trop vaste pour que son regard puisse être arrêté par les barrières des nationalités. Comme celles de chaque bon, de chaque grand Allemand, ses idées sont Suprêmement allemandes, et le langage que parle son