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méditation silencieuse, profonde et recueillie, coxnrne il — convient en présence d’u’n précieux reliquaire. Deutree œuvres, particulièrement celles de la première période, sans en excepter Opéra et Drame, inquiètent et agitent l’esprit. Il y règne une irrégularité dans le rythme qui, ’quand il s’agit de prose, a quelque chose d’inquiêt’ant. La dialectique y est souvent brisée, l’exposition·"est · plutôt entravée qu’accélérée par des écarts de sentiments ; une sorte de répugnance a écrire pèse sur ses pages comme une ombre, à tel point que l’on pourrait croire que la démonstration spéculative répugne à Vartiste. Cerquigene peut-être le plus celui qui n’est r · pas tout a fait initié, ·c’est un ton de dignité autoritaire difficile à définir et qui rfappartîent qu’à’ Wagner. J’ai l’impression que, quand Wagner écrit, il croit parler devant des ermem£s— car tous ses écrits sont rédigés dans une langue parlée et non pas dans une langue écrite, de sorte qu’ils paraîtront beaucoup plus clairs dès qu’on les entendra lire ii- haute voix- devant des — ennemis avec lesquels il ne va pas échanger des familiarités, en raison de quoi il les tient à distance et se Q montre réservé. Or, Souvent, l’ardeur entraînante de N ses sentiments n’en perce pas moins à travers les, piis de ce déguisement ; alors la période artificielle, lourde, surchargée cf épithètes accessoires disparaît et sa plume si :’ ” laisse échapper des phrases, des pages entières qui peu-Vent être comptées parmi les plus belles de la prose allemande.

Cependant, en admettant même que dans ces passages de ses écrits il s’adresse ài des amis et· que le spectre de ’son adversaire ne surgit plus à ses cônes, il faut avouer,