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risoire fait de loques bariolées pour celui qui souffre d’ètre nu et d’avoir froid ? Une mensongère danse de joie imposée à celui qui pleure ? L·expression d’une fierté exubérante affichée par quelqu’un qui est blesse au Cœur ’ ? Puis, au milieu de tout cela, masquées et dissimulées seulement par la hâte du tourbillon incessant, ’ime"’grise impuissance, une discorde qui ronge, une morne désolation, une honteuse misère ! L'aspect sous lequel se manifeste l’homme moderne n’est plus qu’apparence ; ce que l’homme moderne représente sert bien V plutôt à le dissimuler qu’à le rendre visible et le reste d’invention et d’activité artistique qui s’est conservé chez quelques peuples, comme chez les Français et les Italiens, n'est plus employé qu’à l’art de ce Jeu de cache-cache. Partout où l’on demande maintenant la « forme », dans la Société et dans la conversation, dans l'expression littéraire et dans les rapports entre nations, partout on entend involontairement par là une apparence plaisante c’est-à-dire le contraire de l’idée véritable de la forme, la forme étant l'expression adéquate et nécessaire, laquelle n’a pas à s’occuper de ce qui est « plaisant » et « déplaisant », précisément parce qu’elle est le résultat d’une nécessité et non pas du bon plaisir. Mais, lors même que, parmi les peuples civilisés, on n'exige pas catégoriquement la forme, on ne possède pas davantage cette figuration expressive ; tout en étant aussi zélé dans la recherche de l'apparence agréable, on est seulement moins heureux dans les résultats. A quel point l'apparence est agréable, ici et là, et pourquoi chacun doit trouver son agrément à ce que l’homme moderne s’efforce au moins de paraître, c’est ce que cha-