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bérance parasitaire des rejetons ; et partout, dans ses · voies et ses évolutions les plus compliquées, dans les courbes les plus aventureuses de ses projets, règne une ’ loi, une volonté unique et intime, qui suffitàles expliquer, i quelque singulières que sembleront ses explications., · Cependant, ’il y eut dans l’existence de Wagner une pé-, riode quel’on peut appeler pré dramatique : son enfance, ’ sa jeunesse, dont on ne peut parler sans rencontrer- de nombreux problèmes. Rien ne fait encore présager qu’il se trouvera un jour lui-même ; et tout ce que l’on pour- i’ rait interpréter aujourd’hui rétrospectivement comme un A ’ présage apparaît à première vue comme une coexistence · de qualités qui sont de nature à inspirer plutôt la crainte que l’espérance ; unesprit d’inquiétude, d’irritation, une hâte nerveuse à saisir mille choses, un plaisir passionné ’ suscité par des états’d’àme presque maladifs et tendus. à l’excès, un retour subit, après des moments de sérénité et de calme absolu, vers ce qui est brutal et tapageur. Il n’était litr.ité par aucune discipline rigoureuse dans l’art qu’il eût pu tenir de famille : la peinture, la poésie, l’art du comédien, la musique le touchaient d’aussi près que les études et la carrière d’un savant ; tout était à sa portée ; à n’y regarder qu’à la surface on eût pu’croire qu’il était né pour le dilettantisme. Le monde restreint ’ dans les limites duquel il grandit n’était pas composé de telle sorte qu’un eût pu souhaiter à un artiste de vivre sous un pareil horizon. Il lui fut difficile d’échap-. per au plaisir dangereux qu’éprouve un esprit qui veut goûter de toutes choses, d’échapper à la présomption qui naît du savoir multiple, telle qu’on la rencontre dans les villes de savants. Chez lui la sensibilité n’était éveil-