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Schopenhauerypar contre, a eu le bonheur indescripti- ble non seulement de voir en lui-mëmei de près le giéîllë, mais encore de le voir en dehors de lui, dans Goethe. Par la vision de ce double reflet.il s’est trouvé proton- àl dément renseigné et rendu sage au sujet de toutes les fins et de toutes les cultures savantes. Par le moyen de cette expérience il savait comment l’homme libre et fort doit être fait, l’homme libre et fort auquel aspire toute culture artistique. · ’ · — ’ · A ~ r

—’ Pouvait-il, après ce regard, garder l’envie de s’oc- ’ T cuper de ce que l’on appelle « l’art », à- la manière sa-, vante et hypocrite de l’homme moderne ? N’avait-il ’ pas vu quelque chose de plus sublime encore ? Une scène terrible et supra-terrestre du tribunal, ou toute A vie, même la vie supérieure et complète, avait été pesée et trouvée trop légère " ; il avait vu le Saint comme juge de l’existence. On ne saurait déterminer à quel. moment le précoce Schopenhauer ·a dû contempler · cette image de la vie, qu’il tenta de·— retracer plus tard - dans tous ses écrits. On peut démontrer que l’adolescent, jesuis presque tenté de dire l’enfant, avait déjàeu cette vision formidable. Tout ce quiil emprunte plus · tard à la vie, aux livres, à. toutes les branches de la science n’a été pour lui, presque toujours, que couleur · et moyen d’expression. La philosophie kantienne elle-même a été mise ~ »à contribution par lui avant tout comme un extraordinaire instrument rhétorique, au moyen duquel il croyait exprimer avec plus de précision, A cette image, de même qu’il s’est servi à l’·occasion, pour u remplira le même but, des mythologies bouddhistes et chrétiennes. Pour lui, il n’y avait qu’une seule tâche et v’