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AURORE

— et devant lui on se comporte en conséquence.

382.

Jardinier et jardin. — Les jours humides et sombres, la solitude, les paroles sans amour que l’on nous adresse, engendrent des conclusions semblables à des champignons : nous les voyons apparaître devant nous, un matin, sans que nous sachions d’où elles viennent et elles nous regardent, grises et moroses. Malheur au penseur qui n’est pas le jardinier, mais seulement le terrain de ses plantes !

383.

La comédie de la pitié. — Quelle que soit la part que nous prenions au sort d’un malheureux, en sa présence nous jouons toujours un peu la comédie, nous ne disons pas beaucoup de choses que nous pensons et telles que nous les pensons, avec la circonspection d’un médecin au lit d’un malade qui est en danger de mort.

384.

Hommes singuliers. — Il y a des gens pusillanimes qui ont mauvaise opinion de ce qu’il y a de meilleur dans leur œuvre et qui parviennent mal à en faire comprendre la portée : mais, par une sorte de vengeance, ils ont aussi mauvaise opinion de la sympathie des autres et n’attachent aucune croyance à la sympathie ; ils ont honte de paraître entraînés