Page:Nietzsche - Aurore.djvu/272

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
272
AURORE

Mais il ne s’éloigne pas, il vient ! Buvons donc la douce impertinence du louangeur, surmontons le dégoût et le profond mépris que nous inspire le fond de ses louanges, donnons à notre visage les plis de la joie reconnaissante ! — il voulait nous être agréable ! Et maintenant que cela est fait, nous savons qu’il se sent très élevé, il a remporté une victoire sur nous, — et aussi sur lui-même, l’animal ! — car cela ne lui a pas été facile de s’extorquer ces louanges.

274.

Droit et privilèges de l’homme. — Nous autres hommes, nous sommes la seule créature qui, lorsqu’elle ne réussit pas, peut se supprimer elle-même, comme une phrase mal venue, — soit que nous agissions ainsi pour l’honneur de l’humanité, ou par pitié pour elle, soit encore par aversion envers nous-mêmes.

275.

L’homme transformé. — Maintenant il devient vertueux, uniquement pour blesser les autres. Ne regardez pas trop de son côté !

276.

Souvent ! sans que l’on s’y attende ! — Combien d’hommes mariés ont vu venir le matin où ils s’apercevaient que leur jeune femme était ennuyeuse et se figurait le contraire ! Pour ne point parler de ces