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AURORE

doctrines auxquelles nous ne croyons plus, — par nos sentiments.

100.

Se réveiller du rêve. — Il y a eu des hommes nobles et sages qui ont cru jadis à l’harmonie des sphères : il y a encore des hommes nobles et sages qui croient à « la valeur morale de l’existence ». Mais voici venir le jour où cette harmonie, elle aussi, ne sera plus perceptible à leur oreille ! Ils se réveilleront et s’apercevront que leur oreille a rêvé.

101.

Digne de réflexion. — Accepter une croyance simplement parce qu’il est d’usage de l’accepter — ne serait-ce pas là être de mauvaise foi, être lâche, être paresseux ! — La mauvaise foi, la lâcheté, la paresse seraient-elles donc la condition première de la moralité ?

102.

Les plus anciens jugements moraux. — Quelle est donc notre attitude vis-à-vis des actes de notre prochain ? — Tout d’abord, nous regardons ce qui résulte pour nous de ces actes, — nous ne les jugeons qu’à ce point de vue. C’est cet effet causé sur nous que nous considérons comme l’intention de l’acte — et enfin les intentions attribuées à notre prochain deviennent chez lui des qualités perma-