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AINSI PARLAIT ZARATHOUSTRA

mouches écrivassières, pour échapper à la puanteur des boutiquiers, aux impuissants efforts de l’ambition et à l’haleine fétide — : fi de vivre au milieu de la populace,

— fi de signifier le premier au milieu de la populace ! Ah, dégoût ! dégoût ! dégoût ! Qu’importe encore de nous autres rois ! » —

« Ta vieille maladie te reprend, dit en cet endroit le roi de gauche, le dégoût te reprend, mon pauvre frère. Mais tu le sais bien, il y a quelqu’un qui nous écoute. »

Aussitôt Zarathoustra, qui avait été tout œil et toute oreille à ces discours, se leva de sa cachette, se dirigea du côté des rois et commença :

« Celui qui vous écoute, celui qui aime à vous écouter, vous qui êtes les rois, celui-là s’appelle Zarathoustra.

Je suis Zarathoustra qui a dit un jour : « Qu’importe encore des rois ! Pardonnez-moi, si je me suis réjoui lorsque vous vous êtes dit l’un à l’autre : « Qu’importe encore de nous autres rois ! »

Mais vous êtes ici dans mon royaume et sous ma domination : que pouvez-vous bien chercher dans mon royaume ? Peut-être cependant avez-vous trouvé en chemin ce que je cherche : je cherche l’homme supérieur. »

Lorsque les rois entendirent cela, ils se frappèrent la poitrine et dirent d’un commun accord : « Nous sommes reconnus !

Avec le glaive de cette parole tu tranches la plus