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AINSI PARLAIT ZARATHOUSTRA

font danser notre amour sur des arcs-en-ciel diaprés. » —

— « Ô Zarathoustra, dirent alors les animaux, pour ceux qui pensent comme nous, ce sont les choses elles-mêmes qui dansent : tout vient et se tend la main, et rit, et s’enfuit — et revient.

Tout va, tout revient, la roue de l’existence tourne éternellement. Tout meurt, tout refleurit, le cycle de l’existence se poursuit éternellement.

Tout se brise, tout s’assemble à nouveau ; éternellement se bâtit le même édifice de l’existence. Tout se sépare, tout se salue de nouveau ; l’anneau de l’existence se reste éternellement fidèle à lui-même.

À chaque moment commence l’existence ; autour de chaque ici se déploie la sphère là-bas. Le centre est partout. Le sentier de l’éternité est tortueux. » —

— « Ô espiègles que vous êtes, ô serinettes ! répondit Zarathoustra en souriant de nouveau, comme vous savez bien ce qui devait s’accomplir en sept jours : —

— et comme ce monstre s’est glissé au fond de ma gorge pour m’étouffer ! Mais d’un coup de dent je lui ai coupé la tête et je l’ai crachée loin de moi.

Et vous, — vous en avez déjà fait une rengaine ! Mais maintenant je suis couché là, fatigué d’avoir mordu et d’avoir craché, malade encore de ma propre délivrance.