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Mais maintenant quittez cette chambre d’enfants, ma propre caverne, où aujourd’hui tous les enfantillages sont chez eux. Rafraîchissez dehors votre chaude impétuosité d’enfants et le battement de votre cœur !

Il est vrai, que si vous ne redevenez pas comme de petits enfants, vous ne pourrez pas entrer dans ce royaume des cieux. (Et Zarathoustra montra le ciel du doigt.)

Mais nous ne voulons pas du tout entrer dans le royaume des cieux : nous sommes devenus des hommes, — c’est pourquoi nous voulons le royaume de la terre. »

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3.

Et de nouveau Zarathoustra commença à parler. « Ô mes nouveaux amis, dit-il, — hommes singuliers, vous qui êtes les hommes supérieurs, comme vous me plaisez bien maintenant, —

— depuis que vous êtes redevenus joyeux. Vous êtes en vérité tout épanouis : il me semble que pour des fleurs comme vous il faut des fêtes nouvelles,

— une brave petite folie, un culte ou une fête de l’âne, un vieux fou, un joyeux Zarathoustra, un tourbillon qui, par son souffle, vous éclaire l’âme.

N’oubliez pas cette nuit et cette fête de l’âne, ô hommes supérieurs. C’est ce que vous avez inventé chez moi et c’est pour moi un bon signe, — il n’y a que des convalescents pour inventer de pareilles choses !

Et si vous fêtez de nouveau cette fête de l’âne, faites-le par amour pour vous, faites-le aussi par amour pour moi ! Et faites cela en mémoire de moi.

Ainsi parlait Zarathoustra.

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