Vous qui créez, il y a en vous beaucoup d’impuretés. Car il vous fallut être mères.
Un nouvel enfant : ô combien de nouvelles impuretés sont venues au monde ! Écartez-vous ! Celui qui a enfanté doit laver son âme !
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Ne soyez pas vertueux au-delà de vos forces ! Et n’exigez de vous-mêmes rien qui soit invraisemblable.
Marchez sur les traces où déjà la vertu de vos pères a marché. Comment voudriez-vous monter haut, si la volonté de vos pères ne montait pas avec vous ?
Mais celui qui veut être le premier, qu’il prenne bien garde à ne pas être le dernier ! Et là où sont les vices de vos pères, vous ne devez pas mettre de la sainteté !
Que serait-ce si celui-là exigeait de lui la chasteté, celui dont les pères fréquentèrent les femmes et aimèrent les vins forts et la chair du sanglier ?
Ce serait une folie ! Cela me semble beaucoup pour un pareil homme, s’il n’est l’homme que d’une seule femme, ou de deux, ou de trois.
Et s’il fondait des couvents et s’il écrivait au-dessus de la porte : « Ce chemin conduit au saint », — je dirais quand même : À quoi bon ! c’est une nouvelle folie !
Il s’est fondé pour lui-même une maison de correction et un refuge : que bien lui en prenne ! Mais je n’y crois pas.
Dans la solitude grandit ce que chacun y apporte, même la bête intérieure. Aussi faut-il dissuader beaucoup de gens de la solitude.