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Mais le nœud des causes où je suis enchevêtré revient, — il me recréera ! Je fais moi-même partie des causes de l’éternel retour des choses.

Je reviendrai avec ce soleil, avec cette terre, avec cet aigle, avec ce serpent — non pour une vie nouvelle, ni pour une vie meilleure ou semblable :

— je reviendrai éternellement pour cette même vie pareille, en grand et aussi en petit, afin d’enseigner de nouveau l’éternel retour de toutes choses, —

— afin de redire la parole du grand Midi de la terre et des hommes, afin d’enseigner de nouveau aux hommes le Surhumain.

J’ai dit ma parole, ma parole me brise : ainsi le veut ma destinée éternelle, — je disparais en annonciateur !

L’heure est venue maintenant, l’heure où celui qui disparaît se bénit lui-même. Ainsi — finit le déclin de Zarathoustra. » — —

Lorsque les animaux eurent prononcé ces paroles, ils se turent et attendirent que Zarathoustra leur dise quelque chose : mais Zarathoustra n’entendit pas qu’ils se taisaient. Il étaitcouché tranquille, les yeux fermés, comme s’il dormait, quoiqu’il ne fût pas endormi : car il s’entretenait avec son âme. Le serpent cependant et l’aigle, lorsqu’ils le trouvèrent ainsi silencieux, firent honneur au grand silence qui l’entourait et se retirèrent avec précaution.

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