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12.

Ô mes frères ! je vous investis d’une nouvelle noblesse que je vous montre : vous devez être pour moi des créateurs et des éducateurs, — des semeurs de l’avenir, —

— en vérité, non d’une noblesse que vous puissiez acheter comme des épiciers avec de l’or d’épicier : car ce qui a son prix a peu de valeur.

Ce n’est pas votre origine qui fera dorénavant votre honneur, mais votre but ! Votre volonté et votre pas qui veut vous dépasser, — que ceci fasse votre nouvel honneur !

En vérité, ce n’est pas que vous ayez servi un prince — qu’importent encore les princes ! — ou bien que vous soyez devenu le rempart de ce qui est, afin que ce qui est soit plus solide !

Non que votre race soit devenue courtisane à la cour et que vous ayez appris à être multicolores comme le flamant, debout pendant de longues heures au bords de l’étang plat.

— Car savoir se tenir debout est un mérite chez les courtisans ; et tous les courtisans croient que la permission d’être assis — fait partie des félicités après la mort ! —

Ce n’est pas non plus qu’un esprit qu’ils appellent saint ait conduit vos ancêtres en des terres promises, que je ne loue pas ; car dans le pays où a poussé le pire de tous les arbres, la croix, — il n’y a rien à louer !

— Et, en vérité, où que ce « Saint-Esprit » ait conduit ses chevaliers, de pareils cortèges étaient toujours — précédés de chèvres, d’oies, de fous et de toqués ! —