Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/139

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
    139    

c’est ce qu’il nous enseigne ici dans le symbole le plus lumineux.

Comme les voûtes et les arceaux se brisent ici divinement dans la lutte : comme la lumière et l’ombre se combattent en un divin effort. —

Ainsi, sûrs et beaux, soyons ennemis nous aussi, mes amis ! Efforçons nous divinement les uns contre les autres ! —

Malheur ! voici que j’ai été moi-même mordu par la tarentule, ma vieille ennemie ! Divinement sûre et belle, elle m’a mordu au doigt !

« Il faut que l’on punisse, il faut que justice soit faite — ainsi pense-t-elle : ce n’est pas en vain qu’il chante ici des hymnes en l’honneur de l’inimitié ! »

Oui, elle s’est vengée ! Malheur ! elle va me faire tourner l’âme avec de la vengeance !

Mais, afin que je ne me tourne point, mes amis, liez-moi fortement à cette colonne ! J’aime mieux encore être un stylite qu’un tourbillon de vengeance !

En vérité, Zarathoustra n’est pas un tourbillon et une trombe ; et s’il est danseur, ce n’est pas un danseur de tarentelle ! —

Ainsi parlait Zarathoustra.

*
*           *