revoir. Il fallut enfin s’arracher de leurs embrassements et partir.
Titow, avec deux officiers, moi et Fischer, nous fûmes placés dans une voiture ; le général Kosciuszko avec le chirurgien-major, dans une autre ; des vieux grenadiers derrière nous ; deux autres officiers dans une kibitka, le tout précédé et suivi par des détachements de cavalerie. Le jour n’avait pas encore paru ; la neige mêlée de grêle frappait contre les glaces de la voiture ; on ne pouvait pas distinguer les objets ; les chemins, raboteux et à demi gelés, faisaient enfoncer les chevaux et arrêter les voitures à chaque pas. Il faisait un froid humide et perçant ; je souffrais de ma plaie, mais plus encore des idées affligeantes qui accablaient mon esprit. Jusqu’à présent, nous avions au moins la satisfaction d’être avec nos compatriotes ; et, quoiqu’une libre communication nous fût interdite, nous pouvions au moins nous voir de temps à autre, nous dire de ces mots indifférents pour les autres, mais pour nous d’un grand intérêt. En route, au nombre de ceux qui venaient ou que l’on envoyait pour nous voir, nous rencontrions d’anciennes connaissances, des amis, des âmes compatissantes ; maintenant, entourés de geôliers, séparés à jamais de tout ce qui nous était cher, sûrs d’un sort cruel, incertains seulement sur le genre de tourments qu’on