enveloppait la main. Un remède plus ingénieux qu’inventa mon habile chirurgien-major, ce fut de baigner ma main dans de l’eau chaude ; mais tout cela ne diminuait pas mes souffrances. Il en fut tellement impatienté, qu’il parla de me couper le bras, et il aurait peut-être tranché la difficulté de cette manière, si, heureusement, M. Megnau, Français et chirurgien-major dans notre armée, ne fût arrivé à Radzyn avec un passe-port russe ; le Conseil National de Varsovie nous l’avait envoyé exprès. Il me fit saigner, me prescrivit des remèdes qui, au moins, diminuèrent mes douleurs. Ce ne fut pas le seul service que cet excellent homme me rendit : mon ami Mostowski le chargea pour moi d’une provision de charpie, de taffetas noir pour porter mon bras en écharpe, et de quelques livres ; c’étaient les Vies des hommes illustres de Plutarque et un Horace. Il ne fut point permis à M. Megnau de rester avec nous ; le lendemain matin, il fut obligé de repartir pour Varsovie.
A quelque distance de Wlodawa, sur le Bug, nous nous arrêtâmes un jour pour nous reposer. Sachant que ma sœur, Mme Dunin, demeurait à quelques lieues de là, je priai Chruszczew d’envoyer un Cosaque avec un mot de moi, pour l’engager à venir me voir. Comme il avait été en garnison dans ma province, qu’il connaissait très-bien ma