Le détachement de Chruszczew, destiné uniquement à notre escorte, traversait un pays paisible, déjà ravagé, et où il n’y avait pas un seul soldat polonais ; cependant Chruszczew levait des contributions, pillait et pressurait tout. Voici de quelle manière il s’y prenait : aussitôt son arrivée dans un endroit, on enfermait tous nos prisonniers dans des granges, les soldats russes prenaient leurs quartiers dans les maisons ; lui, avec sa femme, sa fille, sa nièce et ses petits enfants, prenait possession de la maison du propriétaire ; on nous logeait dans une autre à côté de lui. Aussitôt ses aides de camp et les officiers de sa suite couraient à leurs départements respectifs : l’un, suivi de quelques grenadiers, descendait dans les caves et enlevait tous les vins qui s’y trouvaient ; l’autre se rendait à l’écurie et prenait les meilleurs chevaux ; ceux-là couraient dans le bourg de maison en maison, pour prélever la contribution en argent imposée aux habitants ; ceux-ci fourraient les malheureux juifs dans des parcs à cochons, pour les forcer à avouer où étaient leurs trésors. Tandis que les officiers travaillaient avec cette activité, le général, suivi des dames, parcourait les appartements du seigneur de l’endroit, et là, avec des plaisanteries piquantes, de petites méchancetés spirituelles, le tout accompagné de rires immodérés, les messieurs et