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BATAILLE DE MACIEIOWICE.

versation ne dura pas longtemps. Je m’aperçus au ton de Fersen avec moi, et cela me fut confirmé d’un autre côté, qu’il me considérait comme l’ennemi le plus violent des Russes et de l’impératrice personnellement. À midi, on célébra la victoire de la veille par une triple décharge de toute la mousqueterie et l’artillerie. On peut facilement imaginer combien ces salves de joie remplissaient mon âme de désespoir.

À la suite de toutes ces démonstrations de triomphe, il y eut un dîner de cent couverts pour le moins ; et ce repas, comme toujours, ne coûta pas un sou au général qui le donnait : les provisions, les vins, tout était pillé dans les campagnes adjacentes. Dieu sait le nombre des santés insolentes qu’on y a portées. On nous permit ce jour d’écrire à Varsovie pour faire venir nos gens et quelques effets : je me servis de ma main gauche pour tracer quelques mots au général Zaionczek. Le lendemain fut encore consacré au repos après le combat, et peut-être après le diner de la veille. Ce ne fut que le lundi, 13 octobre, que toute l’armée, avec ses prisonniers, se mit en marche. On plaça le général Kosciuszko dans une petite voiture avec un chirurgien à côté ; on nous mit quatre et le major Titow dans une autre plus grande ; des détachements de cavalerie par devant et par derrière. Nous eûmes la douleur de voir dans la