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BATAILLE DE MACIEIOWICE.

saire avec la chute duquel ils croyaient la guerre finie pour toujours ; en un mot, les fatigues de la campagne, les dangers des combats, disparaissaient à leurs yeux, et un avenir brillant, des récompenses de tout genre, des cordons, des roubles, des diamants, des dons de villages, enfin tout ce qui flatte la vanité et la cupidité, se présentait à leur imagination. C’est nous qui étions les instruments de tout ce bonheur, comment pouvaient-ils nous haïr ? Je répéterai donc que, dans ces premiers instants de leur joie, ils se perdaient en attentions de tout genre pour nous.

J’étais couvert de sang, et mon bras n’avait pas été encore pansé ; les colonels Moronzow[1] et Chlebow, envoyèrent chercher leurs chirurgiens-majors, qui, comme on peut penser, n’étaient alors que trop occupés. On sonda ma blessure ; la balle avait passé d’outre en outre, déchiré toutes les veines qui avoisinent l’artère à l’endroit où l’on saigne, sans cependant endommager ni toucher l’os. Je souffris peu pendant qu’on me sondait et qu’on me mettait le premier appareil ; je ne m’at-

  1. Ce Moronzow avait été grièvement blessé et fait prisonnier à la journée de Raclawice ; il était gardé à Cracovie, lorsque, à mon passage par cette ville, je fus lui rendre une visite.
    (Note de l’auteur.)