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BATAILLE DE MACIEIOWICE.

Après m’avoir conduit dans le bois, ils se dispersèrent à la poursuite de nouvelles prises, me laissant seul avec leur officier. Ce gentilhomme me demanda d’abord l’inventaire de tout ce que j’avais sur moi : il commença par prendre ma montre, ensuite ma bourse ; puis voyant une bague au doigt de ma main blessée et considérablement enflée, il essaya de l’ôter, et ne pouvant y parvenir, il mit mon doigt dans sa bouche et me l’aurait infailliblement coupé de ses dents, si, saisi d’indignation, je ne l’eusse repoussé, puis ôtant non sans difficulté et douleur cette bague, je ne la lui eusse jetée à la figure. De voleur, mon officier devint alors valet de chambre, et se mit en devoir de me déshabiller, il m’ôta ma cravate, mon habit vert, mon gilet, etc., et me couvrit d’un uniforme qu’il avait arraché du corps d’un de nos soldats morts ; il prit ensuite mon cheval et me mit sur le sien : je mourais de douleur et


    sure dangereuse dans ce combat. Ce jeune homme était brave, spirituel et poëte comme Eschyle ; mais le Grec eut le bonheur de chanter le triomphe de sa patrie, auquel il avait contribué à la journée de Marathon ; tandis que le Polonais, fait prisonnier à celle de Macieiowice, pleure les malheurs de son pays au fond d’un cachot. Poninski, instruit par les fuyards de ce qui venait d’arriver à Kosciuszko, se replia sur Varsovie. »

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