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BATAILLE DE MACIEIOWICE.

sur des marais où les canons et les hommes même enfonçaient à chaque pas. Pendant près de trois heures nous conservâmes un avantage décidé, au point que le général Sierakowski, placé avec ses troupes juste en face de l’ennemi et devant la maison en briques, vint nous dire qu’il lui semblait que les Russes allaient abandonner l’attaque et se retirer. Mais ce fut bientôt tout le contraire : l’ennemi quatre fois aussi fort que nous, ayant un parc d’artillerie immense, comptant d’ailleurs la vie de ses soldats pour rien, ne se rebutait pas par les difficultés du terrain et continuait à s’avancer. Son feu devint de plus en plus rapide et terrible ; une grêle de boulets de tout calibre, de mitraille et d’obus, qui, en éclatant, portaient la mort de tous côtés, pleuvaient sur nous. Un de ces obus éclata juste entre le général Kosciuszko, son aide de camp Fischer[1] et moi ; et ses éclats, en passant par-dessus nos têtes, allèrent frapper à cinquante pas, un canonnier qui tomba roide mort.

Au commencement de l’affaire, le général Ko-

  1. Cet officier servit plus tard avec distinction dans les légions polonaises en France, devint général de division et chef de l’état-major de l’armée du duché de Varsovie, et fut tué dans la campagne de Russie à Taroutino.