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BATAILLE DE MACIEIOWICE.

châmes du village de Macieiowice. Le général Kosciuszko et moi, avec quelques chevau-légers, prîmes les devants. Nous ne fûmes pas longtemps sans découvrir l’armée ennemie. Elle était campée le long de la Vistule aussi loin que la vue pouvait s’étendre. Quoique la grande distance ne permît pas de discerner distinctement les objets, le coup d’œil général était on ne peut plus imposant ; les rayons du soleil couchant se réfléchissaient sur les armes des colonnes épaisses d’infanterie ; le hennissement des chevaux et le bourdonnement de toute cette multitude armée remplissaient l’air d’un bruit sourd, confus, et qui ne laissait pas d’avoir quelque chose de terrible. Nous jetâmes nos chasseurs dans le bois qui se prolongeait sur nos flancs, et nos postes avancés commencèrent une escarmouche avec les Cosaques dans la plaine qui s’étend depuis la digue qui est devant la maison de Macieiowice jusqu’à la Vistule. Nos cavaliers en tuèrent quelques-uns, lorsqu’un corps considérable, les attaquant tout à coup en demi-cercle (selon leur coutume), nous obligea de nous replier. Je ne sais comment nous ne fûmes pas pris, car deux fois, le général et moi nous en fûmes enveloppés ; les chevau-légers de Kaminski les repoussèrent ; enfin, vers les cinq heures, tout devint tranquille, et toute notre petite armée arriva sur les lieux.