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BATAILLE DE MACIEIOWICE.

passa le fleuve sans qu’il eût pu s’en apercevoir. Soit négligence de sa part, soit notre mauvaise étoile, ce passage nous menaçait des suites les plus funestes. Fersen allait se joindre à la grande armée de Suwarow, et alors tous les deux, avec des forces trois fois supérieures aux nôtres, nous auraient attaqués et écrasés sans ressource.

L’armée de Lithuanie, recevant des ordres vagues et contradictoires, éloignée de plus de cent lieues de Varsovie, errait à l’aventure. La petite division du général Sierakowski, après avoir combattu avec courage et gloire à Krupczyce contre toutes les forces de Suwarow, fut quelques jours après atteinte dans une position désavantageuse, et perdit presque toute son artillerie. Cette petite troupe, affaiblie et découragée, était la plus à portée d’être opposée à Fersen. Elle s’approcha à la distance de six lieues du détachement de Poninski, et c’est avec ces deux corps que le général Kosciuszko résolut de combattre l’armée de Fersen, forte d’environ vingt mille hommes et de cent cinquante canons.

Le quartier général de l’armée de Varsovie, qui même par les plus fortes pluies de l’automne, et après la retraite de l’ennemi, avait été au milieu du camp, venait d’être transféré à Mokotow, charmante villa de la princesse maréchale Lubomirska. Le dimanche au soir, 5 octobre, le gé-